Du 24 au 26 janvier, la Fédération protestante de France tenait son assemblée générale à Sète (Hérault) et a commandé pour l’occasion un sondage de l’Ifop : « Les protestants en France métropolitaine. Pratiques, croyances et orientations »
Quels enseignements tirer de ce sondage ?
Avec 1,3 million de personnes, le protestantisme reste le troisième groupe religieux de France derrière le catholicisme (55 %) et l’islam (3 %). Mais si les effectifs évoluent peu, c’est en son sein que protestantisme se transforme, avec 33 % des sondés qui se déclarent évangéliques, 25% réformés, 13% luthérien, 11% pentecôtistes, 8% libéraux, 7% baptistes et 5% charismatiques.
Pratique religieuse
Au-delà de la composition du protestantisme français, l’enseignement principal de ce sondage est la baisse de la pratique religieuse, tant de la lecture de la Bible que de la pratique dominicale : si les sondés étaient 34 % à lire la Bible au moins une fois par semaine en 2010, ils ne sont désormais plus que 20 % et sont 33 % à déclarer ne jamais la lire.
Concernant la pratique dominicale, ils étaient 26 % à aller au culte chaque semaine en 2010, ils ne sont plus que 21 % et le pourcentage de ceux affirmant ne jamais s’y rendre bondit quant à lui de 10 points, passant de 16 % en 2010 à 26 % en 2024. Signe des temps, 29 % des protestants assistent cependant au culte à distance (réseaux sociaux, radio, télévision) ou alternent présentiel et distanciel.
Engagement politique
Toutes familles confondues, 25 % des protestants sont engagés dans une association, 23 % dans une association protestante ou évangélique d’intérêt général, 11 % dans une association ecclésiale et 12 % dans un mouvement politique (contre 2,1 % de la société française). Une confirmation de l’idée que la volonté d’être engagé dans la société est une caractéristique du protestantisme.
Le sondage a d’ailleurs provoqué l’étonnement des cadres de nos Églises tant le positionnement des protestants et des évangéliques concernant les grandes questions éthiques ne correspondent pas forcément aux positions de leurs institutions :
- 67 % des protestants, 78 % des luthéro-réformés et libéraux, 56 % des évangéliques, 55 % des charismatiques sont favorables à une légalisation de l’aide active à mourir.
- 74 % des protestants, 87 % des libéraux, 85 % des luthéro-réformés, 63 % des évangéliques et 60 % des charismatiques sont favorables à la constitutionalisation de l’IVG.
On assiste ainsi à une recomposition progressive du protestantisme luthéro-réformé qui diminue lentement mais sûrement dans les territoires historiques ruraux tout en se revitalisant dans les centres urbains par l’apport des populations venues d’autres horizons différents.
Le protestantisme culturel – tout comme le catholicisme sociologique d’ailleurs -, s’amenuise inéluctablement au profit d’une version plus confessante, plus engagée, plus militante. Cette double évolution a fait dire au sous-directeur des cultes et de la laïcité au ministère de l’Intérieur : « Faites-vous connaître sous vos deux aspects, de confessants et de citoyens de la République qui avez une tradition d’engagement ! »
A dimanche, donc, et d’ici-là, ouvrez votre Bible 😉
Pasteur Fabian Clavairoly
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