Je t’ai rencontré
Mon Dieu, longtemps je croyais
que la sécheresse de la terre
et l’aridité du monde
étaient une fatalité.
Je croyais que le coeur humain
était définitivement sec et dur
que rien ne changerait plus.
Je croyais que l’injustice, l’égoïsme,
le désespoir et la mort
avaient le dernier mot.
Je croyais que le monde courait à sa perte
que j’étais prisonnier de cette spirale
qu’il n’y avait plus rien à espérer.
Et voilà que j’ai trouvé l’eau vive
qui m’a désaltéré et encouragé
mon point de vue a changé :
je t’ai rencontré.
Aujourd’hui je crois
qu’il y a encore une source
qui jaillit dans ma vie
que l’amour est plus fort que la mort
que la foi soulève les montagnes
que la paix l’emporte sur la guerre.
Repartir
Seigneur,
merci pour ces moments
où tu nous remplis de ta force et de ta plénitude.
Merci pour ces moments
où pour nous, d’une certaine façon, le royaume est déjà là.
Nous aurions bien envie de planter nos tentes
et de nous installer là, près de toi,
loin de ceux qui souffrent et qui doutent.
Toujours à nouveau tu nous appelles,
et nous avons du mal à repartir.
Tire-nous de notre confort et de nos conformismes,
pour nous remettre en chemin.
Toi qui est venu partager
les joies et les peines des hommes et des femmes,
c’est au milieu d’eux que tu veux nous rencontrer
Isabelle Grellier, théologienne protestante
Tu as posé sur ma vie
Père,
Tu as posé sur ma vie,
sur mes fautes et mes colères,
quelques gouttes de sang.
Taches vives qui me disent le prix de ton pardon.
Tu as posé sur ma vie,
sur mes jours de peine et d’ennui,
quelques gouttes de lumière.
Taches multicolores
qui me disent l’enthousiasme de ton espérance.
Tu as posé sur ma vie,
sur les rochers de mes folies,
quelques fleurs fragiles.
Leur beauté éphémère
me dit la tendresse infinie de ton amour pour moi.
Merci !
Pierre-Yves Zwahlen
Emmaüs
Tu cheminais à côté de nous
et nous ne savions pas.
Tu étais à notre table
et nous ne te voyions pas.
Soudain, à la rupture du pain,
nous sûmes que c’était toi.
Et voici, déjà,
tu n’étais plus là.
Suzanne de Dietrich
Faire silence
Jour du grand silence.
Jésus repose dans la tombe :
Tout est fini,
se disent les disciples,
Dieu s’est tu.
Mais ton silence Seigneur,
n’est pas le silence de la mort :
que tout en moi se taise et s’apaise
pour découvrir la Vie qui jaillit de ton silence,
pour voir ta lumière
éclairer la nuit d’un feu nouveau
et pour qu’apparaisse dans le doute
un chemin d’espérance.
Seigneur, fais-moi la grâce
de ne pas fuir devant ton silence,
mais d’attendre avec patience
le murmure doux et léger de ton amour.
Soeur Lina, Communauté des Diaconesses de Strasbourg
Pareil à un oiseau en cage
Qui suis-je ?
Souvent ils me disent
que de ma cellule je sors
détendu, ferme et serein,
tel un gentil homme de son château.
Qui suis-je ?
Suis-je vraiment celui qu’ils disent,
ou seulement cet homme que moi seul connais :
inquiet, malade de nostalgie,
pareil à un oiseau en cage,
cherchant mon souffle comme si on m’étranglais,
avide de couleurs, de fleurs, de chants d’oiseaux,
assoiffé d’une bonne parole.
Qui suis-je ?
Dérision que ce monologue !
Qui que je sois, tu me connais :
tu sais que je suis tien, ô mon Dieu.
Dietrich Bonhoeffer, théologien protestant allemand