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« Le kantisme a les mains pures mais il n’a pas de mains »

Au moment de faire des choix, la théologie protestante dispose depuis un siècle de l’apport du sociologue allemand Max Weber (1864-1920), devenu célèbre pour L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, mais également auteur de deux conférences à Munich en 1919 parues sous le titre français Le savant et le politique.

C’est dans ces écrits qu’il développe deux notions de l’éthique qui vont marquer leur époque et font référence encore aujourd’hui :

  • L’éthique de conviction est une éthique absolue qui impose d’agir dans le respect de valeurs établies (le refus de la violence, l’obligation de dire la vérité par exemple), quelles que soient les conditions dans lesquelles on se trouve et les conséquences qu’engendreront ces choix.
  • L’éthique de responsabilité quant à elle, est rationnelle par rapport à une fin, c’est-à-dire un but poursuivi. Elle se caractérise donc par son attention aux moyens et à leur efficacité dans l’atteinte du but. Cette éthique a un souci de pragmatisme et cherche à réajuster les moyens aux finalités. Weber la qualifie parfois d’« éthique du succès » (Erfolgsethik) ou plus sobrement : d’« éthique d’adaptation au possible ».

Il est arrivé dans l’Histoire que l’Église doive prendre des positions qui aillent à l’encontre de ses convictions premières, au nom d’un pragmatisme qui fait écho à cette fameuse éthique de responsabilité : que l’on pense à la déclaration de Barmen dans l’Allemagne nazie de 1934, ou au synode de l’Église réformée de France qui déclarait en 1998 face à la montée du Front National devoir assumer « une loyauté critique à l’égard de l’État, de ses lois et de ses décisions et de porter toutes les conséquences de cette loyauté critique, même si elle doit conduire en dernier recours à la désobéissance civile ».

Ces dilemmes moraux existent évidemment aussi dans la sphère privée, par exemple quand on ne vote plus selon ses convictions premières, mais au nom d’un intérêt que l’on juge supérieur.

La question en éthique peut donc se poser : faire des choix politiques reviendrait-il in fine à renoncer à la pureté des intentions premières et de ses convictions intimes ?

Dans sa Critique de la raison pratique, Emmanuel Kant postule qu’il faut toujours agir en se demandant ce qu’il adviendrait si cette action était érigée en loi universelle. En clair, que se passerait-il si tout le monde faisait comme moi ?

Charles Péguy répond ainsi à l’idéal kantien si exigeant : « Le kantisme a les mains pures mais il n’a pas de mains », reprochant ainsi au philosophe d’être certes moralement propre mais incapable d’un acte concret. Et il ajoute : « Et nous, nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses, nous avons quelques fois les mains pleines ».

Pasteur Fabian Clavairoly

A noter :

  • Dimanche 23 à 10h30 : Culte
  • Jeudi 27 juin : pour la dernière séance avant la coupure de l’été , nous avons le plaisir de vous inviter directement au Stift 1 bis quai Saint Thomas avec le programme suivant :12h 15 : Déjeuner au restaurant du Stift  (8,80 € )13h30 : le Chapître Saint Thomas, son histoire et ses œuvres aujourd’huiMarc Urban, directeur15h : visite guidée de l’exposition Reuss père et fils à la médiathèque protestante du StiftInscriptions souhaitées auprès de Madame Evelyne Will-Muller : evelyne.will-muller@wanadoo.fr
  • Dimanche 29 à 10h30 : Culte
  • Attention : pas de cultes au Bouclier en juillet : nous invitons les paroissiens du Bouclier à aller au culte à l’église Saint-Paul. Les cultes reprendront le dimanche 4 août.
  • Rentrée du Bouclier : Samedi 7 septembre à 13h00 pour les enfants devant le Palais universitaire et à 17h00 au Bouclier pour le culte de rentrée.

 

 

 

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Édito

Tolérance et convictions, une tension féconde nécessaire qui demande à être dépassée.

Tolérance et convictions forment le couple protestant par excellence, un couple uni qui dure malgré le temps qui passe. Il dure tout en se demandant un peu  où il va.

C’est que comme la plupart des couples, il a besoin de se sentir vivre, d’ex-ister, c’est-à-dire de sortir de lui-même et de ce face à face à la fois confortable et malsain. Se confronter à la réalité  est une bonne idée, de peur de ne devenir qu’une histoire consensuelle[1], ce qui est n’est déjà pas rien, mais ne suffit pas non plus.

S’exposer aux contingences actuelles, s’éprouver au réel, voilà donc l’enjeu pour cette devise qui nous plait tant. C’est qu’aujourd’hui, le fait d’être tolérant et d’avoir certaines convictions n’est en rien l’apanage des protestants. L’enjeu se situe donc ailleurs. C’est non seulement dans leur expression commune mais aussi leur transmission que ces deux termes peuvent déployer leur conjugalité pour la faire rayonner.

De même qu’il y a un pas entre vivre l’amour au sein du couple et l’assumer pleinement en s’engageant publiquement comme le feront Constance et Clément demain en demandant la bénédiction de leur mariage, il y a un pas entre avoir des idées et exprimer le  désir de les partager avec le monde. Se pose alors la question d’une responsabilité à la fois collective et individuelle. Responsabilité collective en Église d’abord : comment oser -car il s’agit bien de cela- une parole et une action qui dépassent nos frontières locales, régionales et pourquoi pas nationales, et déborde l’espace public.

C’est que « l’Église est cachée, les saints sont invisibles »[2] écrit Luther, et nous sentons le malaise à l’idée que l’Église se prononce de manière trop définitive sur tel ou tel sujet, au risque de n’exprimer qu’une partie de sa diversité et ainsi de se fourvoyer.

Responsabilité individuelle également, car il faut insister sur le rôle que chacun est appelé à jouer à l’échelle de ses relations personnelles : un rôle d’écoute, de témoignage et d’entraide auprès du parent, du conjoint mais aussi, c’est important, bien au-delà de la fameuse sphère privée dans laquelle d’aucuns aimeraient cantonner ce couple de tolérance et convictions au nom d’une laïcité toujours plus mal comprise.

C’est notre vocation de chrétiens d’avoir une parole citoyenne qui soit fondée sur une éthique non seulement de conviction mais aussi de responsabilité[3]. Faisons donc raisonner ce qui nous habite, clamons-le afin que tolérance et convictions ne restent pas une formule, mais un projet de vie.

Pasteur Fabian Clavairoly

[1] Un risque déjà pointé par Jean Baubérot pour qui le protestantisme, victime de son succès, se dilue dans la société: Le protestantisme doit-il mourir ? Paris : Le Seuil, 1988.

[2] Martin Luther, Du Serf Arbitre (1525), Œuvres, tome V, Genève : Labor et Fides, 1958, p.68.

[3] Pour approfondir sur la question des différences entre l’une et l’autre : Max Weber, Le savant et le politique, Paris : 10-18, 2005.

 

A noter :

 

  • Dimanche à 10h30 : dernier culte avant le mois d’août (en ce temps de période estivale, ce culte ne sera pas diffusé par internet)
  • Cultes en juillet à la paroisse Saint-Paul.
  • Reprise des cultes au Bouclier à partir du 4 août.

Welcome

Le Bouclier wishes to be, above all, a lively Reformed parish. As heir to the first Reformed community founded by Jean Calvin, « Le Bouclier » (The Shield, named after the name of the street) is made up of 1,200 members and accompanied by two pastors.

« Le Bouclier » seeks to offer sharing and communion in an open-minded way so that parishioners and their friends may live through their spiritual questions together in the light of the Gospel. Today, all age groups are equally represented with, as a consequence, very active young people.

We offer a church service every Sunday which is sometimes followed by lunch. There are activities for all ranging from a group of young parents, a choir, « les doigts agiles » (nimble fingers), « les causeries du jeudi » (Thursday afternoon chats), evening meals, Bible studies, adult catechism and long walks which take place at different periods of the year.

Willkommen

Herzlich willkommen. Die evangelische reformierte Gemeinde « Le Bouclier » ist die Erbin der ersten Gemeinde, die in Strasbourg von Jean Calvin gegründet wurde.

Alle Altersgruppen haben ihren Platz und ein Schwerpunkt liegt auf der Jugendarbeit: vom Krabbelgottesdienst, über den Kindergottesdienst und Konfirmandenunterricht, bis zur Jugendarbeit, mehreren Freizeiten, und internationalen Workcamps. Andere Aktivitäten der Gemeinde sind der Chor, der Gospelchor, der Frauen-Handarbeitskreis, das Treffen der Senioren, die « Essen zu Hause mit je 8 Personen », die Wandergruppe, Bibelkreise, Erwachsenenkatechismus…

Die musikalischen Aktivitäten, herkommend von der reformierten Psalmtradition, und heute mit den Chören, der neuen « von JS Bach erträumten » Orgel, und vielen Konzerten, Kantatengottesdiensten, ist ein anderer Schwerpunkt der Kirchengemeinde.

Nach dem Sonntagsgottesdienst (um 10h30) findet einmal im Monat ein gemeinsames Essen statt.

Die Gemeinde besteht heute aus 1200 Gemeindemitgliedern mit zwei Pfarrstellen . »Le Bouclier » bietet den Gemeindemitgliedern und ihren Freunden einen Ort, an dem sie sich begegnen können und an dem sie ihre Fragen und Beschäftigungen hinsichtlicht ihres Glaubens teilen und leben können.