Être pasteur c’est vivre avec la vie et avec la mort, celles des autres, celles des siens. C’est dire la blessure de la mort et c’est « transmuer cette mort » en reconnaissance pour la vie partagée, en confiance pour le courage à venir et en espérance en Jésus-Christ.
Raphaël Picon écrivait : « Dans la tristesse peut-être infinie et inconsolable causée par la mort, il s’agit d’entendre une douleur, d’accompagner une souffrance, de signifier la perte. Il s’agit aussi d’apporter un réconfort à travers la conduite d’un culte apaisant et l’énoncé d’une parole chaleureuse, qui tous deux témoignent de la vie malgré tout et disent la grâce, c’est-à-dire le fait de se sentir à nouveau possible, de se croire à nouveau autorisé dans l’existence ».
Le culte de reconnaissance et d’espérance :
- c’est une « communauté » qui permet de dire de la mort qu’elle nous est commune et qu’elle concerne chacun de manière ultime. Chacun peut partager la peine ressentie et la voir portée, et de dire combien cette mort nous concerne tous ;
- peut aider à réaliser ce qui s’est passé, à s’arrêter devant la perte, de prendre le temps que soit exprimée la plainte. Cette prise en compte de la mort est d’autant plus forte dans un temple qui a pour symbole visible une croix : elle rappelle que Dieu ne s’est pas incarné dans un monde enchanté mais dans une histoire humaine, faite aussi de violence et de mort ;
- c’est l’Église qui accueille et se fait l’interprète d’attentes exposées ou non exprimées ; il s’agit de rejoindre les gens endeuillés là où ils sont et de marcher avec eux en tant que porteur et témoin d’une Parole en Jésus-Christ sur la mort et sur la vie ;
- si le culte est parole qui permet d’exprimer la mort, la référence à la Bible nous confronte à autre chose que la douleur, ouvre un horizon autre, un témoignage de la vie qui demeure malgré tout. Établir un lien entre la Bible et le défunt est une manière de dire que la vie de cette personne s’inscrit dans l’Évangile, qu’elle en est elle-même une page, que cette personne a existé et existe pour Dieu ;
- et par le mot « grâce » est affirmé le fait que chacun peut se sentir touché par une parole qui procure du bien, redonne courage, permet d’avoir confiance en un nouveau commencement. Dire la résurrection vaut pour le défunt et pour les endeuillés, telle la promesse d’un réveil à venir. Même si la bonne nouvelle d’un recommencement, d’une résurrection n’est pas toujours audible le jour des obsèques, elle est dite ; la parole fera son chemin, restera dans les mémoires, et portera peut-être des fruits.
Je souhaitais partager cela avec vous ; peut-être parce que nous sommes dans le temps de Carême qui nous conduit au Vendredi Saint, peut-être parce que ces derniers temps je vis des décès qui remuent, peut-être aussi parce que je suis touché par le livre du rabbin Delphine Horvilleur : « Vivre avec nos morts ».
Avec mes cordiales salutations
Pasteur Pierre Magne de la Croix
Les rendez-vous de la semaine
- samedi 6 mars : petite balade de paroisse
Départ 09h30, place de l’Université, ou bien 10h15 au parking de la maison forestière de Welschbruch, au-dessus du Hohwald sur la départementale 426.
Apporter : pique-nique, vêtements adaptés à la météo
- dimanche 7 mars 10h30, culte avec célébration de la Cène « en présence » et sur www.envideo.lebouclier.fr
- dimanche 7 mars, 15h00 : culte musical « en présence » ; avec Adrien Wiot, violoncelle ; Jonathan Funck, luth.
- lundi 8 mars, 20h : l’association d’amitié judéo-chrétienne de Strasbourg et l’association œcuménique Charles Péguy vous invitent à une lecture croisée juive et chrétienne du livre biblique de Ruth par le rabbin Ariel Rebibo et le pasteur Fabian Clavairoly. Lien direct : https://zoom.us/j/81496396181 . Mot de passe : 210308
- dimanche 14 mars, 19h00, partage biblique : « Lire l’épître aux Galates », ouvert à tous sur www.envideo.lebouclier.fr.
Pour aller plus loin
- Les parenthèses de Carême pour cheminer ensemble vers Pâques : vous trouverez de la musique pour se poser, une impulsion pour méditer, des mots pour prier, un cantique pour chanter, une proposition pour s’impliquer : https://www.uepal.fr/3-mars/
- La rabbin Delphine Horvilleur , autour de la sortie de son livre « Vivre avec nos morts. Petit traité de consolation » 32 mn : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-idees/delphine-horvilleur-philosopher-avec-la-mort